Rechercher dans ce blog

mardi 31 juillet 2012

ETRANGE CREATURE HUMAINE

Etrange, étrange créature humaine,
A la lueur d’une chandelle, dans la pénombre environnante,
Tu poursuis des visions ensoleillées,
Tu tâtonnes, mais tu ne crois pas aux ténèbres.

Du fond pâle de tes larmes embuées,
Tu sais regarder les rayons de l’aurore ;
Sous le voile de deuil, amoureux de l’espoir,
Tu souffres et ne crois pas à tes douleurs.

La chaîne au cou et de pesants liens aux bras,
Tu essaies de déplorer l’envol de l’aigle ;
Et dans la grande prison de cette vie, ceinte d’arcades,
Tu étouffes, tu ne crois pas à tes chaînes.

Epines et pièges te font saigner sur ton chemin,
Mais de tes doigts blessés, ensanglantés,
Tu recherches l’âme resplendissante des fleurs,
Tu hurles à ta douleur et ne crois pas à tes malheurs.

Etrange, étrange créature humaine,
De tes mains tu donnes à la terre des vies fleuries,
Tu sens souffler sur ton visage le vent de la mort,
Tu t’affaisses inanimé, pourtant tu ne crois pas au trépas.

                 Moushegh ISHKHAN (1913-1990)

                 Traduction Louise Kiffer

TRISTE MONDE (Zouloum Achkhar)

 
J’ai aimé, on a enlevé ma bien aimée,

On l’a donnée à un autre, et emmenée.

Ah ! que ce monde est triste !

On a détaché mon cœur, et emmené.


Ma peine est profonde, il n’y a pas de remède,

Il y a un remède, il n’y a pas de solution.

Ah ! que ce monde est triste !

Il n’y a pas d’ami intime.


Elle est partie dans les montagnes,

Ma bien-aimée est partie troublée,

Elle n’était ni une caille, ni une perdrix,

Elle s’est envolée elle est partie.


Mes beaux jours sont passés et partis,

Mes noirs soucis sont restés.

Ah ! que ce monde est triste !

Mes peines profondes sont restées.

 

                Avédik ISSAHAKIAN (1875-1957)

               Traduction Louise Kiffer


Poème mis en musique par Komitas Vartabed, sous le titre:

"Sirétsi yares daran..."

lundi 30 juillet 2012

INFORMATION

Information et communication

Sont les composants stressants de notre environnement.

Le grand chandelier des restes de l’omnipotence,

Au centre de notre négligence tragique des déclarations de nos cœurs,

Capturant l’émotion sauvage,

Tannant nos sciences pour atteindre un drame harmonieux,

Exige le meurtre, semble-t-il.

L’humanité ronfle pendant l’accouplement inter-planétaire,

Tandis que les vieux séniles réalisent la fête perpétuelle,

Humant le parfum des berges de l’hiver,

Les cheveux en feu, tournoyant dans la neige,

Les balles implorant leur tir.

Tous les hommes savent qu’ils vont mourir

Dans un monde trop prolixe pour être aimable,

Et trop matérialiste pour être sur la voie de la faiblesse.


Serj TANKIAN (né en 1967)

Traduit de l’anglais par Louise Kiffer

(extrait de " Cool Gardens ")


- - - - - - - - - - - - - - ------------------------------------------------------------------
_______________________________________________________________
 

 

 

jeudi 12 juillet 2012

TOI TU ES MA "HOURI"


Toi, tu es ma Houri qui embrouilles,

Car tu m’a embrouillé en me trompant, ô gracieuse

En Orient en Occident au Nord et au Sud

Il n’y a pas élancée comme toi, ô gracieuse

Beaucoup d’hommes à ta vue deviennent fous

Viens, ma fleur, sois bonne, je veux danser face à toi,

Avec le mantour, le kamantcha, le tambour, ô gracieuse,

Sayat-Nova a dit : je désire passionnément,

Mourir pour toi (qu’on m’assassine)

Je souhaite , bien-aimée, que tu viennes sur ma tombe

Verser une poignée de terre, ô gracieuse !

 

(*(houri est un mot persan qui désigne les vierges promises aux bons Musulmans)

(chaque vers est répété plusieurs fois dans le chant)

 

SAYAT NOVA (1712-1795)

  
http://www.youtube.com/watch?v=VziJ8q1qqtE

traduction / adaptation Louise Kiffer

dimanche 1 juillet 2012

ARRIVEE DU PRINTEMPS


Des violettes à mes pied, et des lys dans les mains

Et des roses à mes joues, et le printemps dans ma poitrine

Et le ciel dans mon âme, et le soleil dans mes yeux,

Et les sources sur la langue,

Je suis descendu de la montagne à la ville.

Et j’ai marché en bondissant,

Et arrosant les trottoirs de rosée,

De violettes et de roses, et de lys blancs comme neige ;

Et les gens, me voyant, devant leurs yeux fatigués

ont vu un autre monde, ont senti le parfum du printemps


  • Quelle fraîcheur ! ont-ils dit, quelle fraicheur !

Et ont ouvert leur lucarne devant moi

Et moi, ouvrant mon cœur,

Je passais en chantant, arrosant les trottoirs de rosée,

De violettes et de roses et de jasmins, avec ferveur,

Comme si une nature vive était devenue adolescente,

Descendue des montagnes à la ville,

Passant comme un conte précieux, de pays en pays,

Distribuant la rosée, des tulipes dans les mains,

L’aurore à nos chants et le printemps aux montagnes.

                            Hovannes CHIRAZ (1914-1984)

                            Traduction Louise Kiffer