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mardi 30 octobre 2012

MESSAGE

Avertissement

( Dans ce poème cryptographique en arménien, la 2ème lettre de chaque vers est une majuscule. Ces lettres mises bout à bout disent ce qui suit:

"O PEUPLE ARMENIEN TON UNIQUE SALUT EST DANS LA FORCE DE TON UNION"

Ce message est devenu dorénavant notre devise nationale.)

MESSAGE

Une lumière nouvelle s'est levée sur le monde,

Qui a apporté ce soleil ?

Voilà un soleil d'or,

Avec son rayonnement de feu !

Dès l'aurore indécise,

Monté sur son palefroi,

Sur le nouveau monde et l'homme,

Il répand sa joyeuse lumière !

Qui a apporté cette vive lumière,

Oh ! qui l'a allumée de sa main, qui ?

Rouge flamboyante, accueillante,

Cette lumière de diamant.

Courbé sous la charge de la vie,

Soumis à un rude esclavage,

Petit ruisseau de sagesse,

Symphonie de folie,

Durant tant d'années, tant de siècles,

Tu as été témoin de l'irréfutable…

Sur les rives ténébreuses,

Où se trouvait notre vieille patrie,

N'y avait-il vraiment pas un fleuve abondant

Qui, de l'esclavage incommunicable,

Coulant, verdâtre, de siècle en siècle,

Dans cette obscurité insensée,

Transportait cette aurore ?

Oh ! cette aurore lointaine

Cachée depuis longtemps dans ses eaux,

Oh ! souhaitant ce lointain…

Courbé sous la charge de la vie,

Esprit impuissant, ruisseau de feu…

Yéghiché TCHARENTZ (1897-1937)

Traduction Louise Kiffer

 

mercredi 10 octobre 2012

DANS LE JARDIN DE L' ENFANCE

DANS LE JARDIN DE L' ENFANCE

Au milieu d'un parc princier et très ancien,

Elancé près du miroir immaculé d'un bassin,

Comme la statue d'un petit archer souriant, plein d'espérance,

Je vois au loin l'espoir de mon enfance…


A part moi, très peu de gens, à peine ma vieille maman,

Connaissent le chemin qui mène à ce jardin abandonné,

Où nous allons encore, quelquefois, chacun son jour,

Ramasser les vieilles fleurs séchées…


Mais plus que les parterres de roses méprisées,

Ce qui m'attire là-bas et que personne ne sait,

C'est la petite statue de mon espoir, debout près de l'eau claire,

Et sous la voûte du ciel pur.


Avec mon enfance, je me rappelle, c'était un joli bambin,

J'aimais le tapement vigoureux de ses pieds au moment du départ,

L'accentuant ainsi de tout son corps vers le ciel,

Comme s'il était lui-même la flèche de son arc…


Allongeant le bras en avant, dans la petite paume de sa main

On aurait cru qu'il cachait les clés inconnues de mon avenir,

Le cellier infini de mon avenir,

Dont je distinguais les portes au loin.


Elle est encore là-bas dans ce jardin, la belle statue de mon espoir,

Elancée près du miroir immaculé du bassin,

Où je vais encore, quelquefois, admirer sa taille, entourée

Des mauvaises herbes humides de mes souvenirs…


Renversé, c'est l'ange tombé du zénith,

C'est la flèche qui est revenue, n'ayant pas encore touché le ciel,

Et l'avenir, dont il avait les clés,

Reste à présent dans le passé, abandonné…


 
                   Vahan TEKEYAN (1878-1945)

                   Traduction Louise Kiffer

lundi 17 septembre 2012

ILS VIENNENT ET S' EN VONT

LES JOURS NÉFASTES VIENNENT ET S’ EN VONT

Les jours néfastes, comme l'hiver, viennent et s'en vont,
Ne pas s'effrayer, ils prendront fin, ils viennent et s'en vont
Les douleurs fraîches de l'homme ne restent pas longtemps,
Comme des clients à la file, elles viennent et s'en vont.

Le malheur, la persécution et l'oppression à la tête des nations
Comme une caravane en voyage, viennent et s'en vont.
Le monde est un jardin fleuri, les hommes sont des fleurs,
Que de violettes, de roses embaumées, viennent et s'en vont !

Que le fort ne se vante pas, que le faible ne s'attriste pas
Différents passages changeants, viennent et s'en vont;
Le soleil, sans crainte, fait jaillir sa lumière,
Les nuages vers l'oratoire, viennent et s'en vont.

Le pays caresse son fils studieux comme une mère,
Les peuples ignares, vagabonds, viennent et s'en vont,
Le monde est un salon, Tchivan, les hommes sont des invités,
Telle est la loi de la nature, ils viennent et s'en vont.


DJIVANI (1846-1912)

Dernier trouvère arménien

 

traduction Louise Kiffer

dimanche 16 septembre 2012

A MARSEILLE

Allez vaï Marseille

A l’ombre ou au soleil

Bois ton pastis et chante

Ces refrains de Scotto

Qui t’habillaient si bien

Va donner des conseils

Aux joueurs de pétanque

Parle haut parle fort

Et conteste le point

Mais à l’heure où l’amour

Tel un vent de Provence

Mi-léger mi-violent

Vient perturber tes jours

Allez vaï Marseille

Va courtiser Mireille

Elle t’attend brûlante

Et fais-lui des enfants

Qui auront ton accent

Marseille.


Charles AZNAVOUR

jeudi 13 septembre 2012

CONSOLATION

CONSOLATION

Ce soir encore

Nous restons à la lumière d'une bougie.

La mèche de la lampe à pétrole s'est desséchée.

Nous attendons

La distribution de pétrole du mois prochain.

Ce soir encore

Nous restons à la lumière d'une bougie.


Mais pourquoi cette plainte ma chérie,

Puisque dans la maison voisine,

Ils n'ont pas de pain,

Et plus loin ma chérie,

Il y a des gens malades, nus et affamés.

C'est très vilain,

De se consoler ainsi,

Pour se contenter de notre situation.


Faut-il qu' il y ait dans ce monde

De tels hommes

Malades, nus et affamés ?

              Haïgazoun KALOUSTIAN  (1920-1985)

              traduction Louise Kiffer

lundi 20 août 2012

A L' OMBRE DES ACACIAS


 
Le petit vent du soir fait tomber doucement
Les pétales des fleurs imprégnés de parfum.
Sur les âmes descend un rêve de senteurs,
Comme il est agréable ce crépuscule nacré !

Les acacias, ivres de lumière et de chaleur,
Répandent en ondulant un air pur et limpide,
Tandis que tombent en neige les fleurs parfumées
Que tente d’embrasser le vent si empressé.

Et leur lumière, fée séduisante et muette,
Divine beauté aux cheveux argentés,
Descend dans l’enceinte de la fontaine lactée.

L’eau tombe goutte à goutte de fleur en fleur,
Limpide comme une larme lumineuse d’enfant ;
Sa mélodie sanglote, délicieusement.
Le vent du soir verse les pétales des fleurs.


Missak MEDZARENTS (1868-1908)
Traduction Louise Kiffer

mardi 7 août 2012

LETTRE A UN AMI TURC

LETTRE A UN AMI TURC


Tu as une épine dans le pied
Mon frère
J'en ai une dans le cœur,
Pour toi
Comme pour moi
Elle rend les choses difficiles
Inconfortable

La rose a des épines
Si l'on n'y prend garde
Une goutte de sang peut perler au bout des doigts
Mais si l'on fait attention
Elle fait don de sa beauté,
Embellit et parfume nos jours
Allant même
Jusqu'à flatter notre palais
Par ses douceurs.

J'aime les roses
Leurs épines existent
Nous n'y pouvons rien
Mon frère....
Si tu décidais d'extraire
L'épine que j'ai au cœur
Celle que tu as dans le pied
Disparaîtrait d'elle même
Et nous serions toi et moi
Libérés
et frères ...

Charles AZNAVOUR (1924…


Extrait de son livre (Le temps des Avants)